Un jeu pour parler du harcèlement à l’école

Lucie Humbert, enseignante contractuelle en poste à l’école Jean Desbois de Saint Marcel dans une classe de CM2, a eu l’idée de construire un jeu sur l’intimidation en s’inspirant du jeu Les Loups-Garous, bien connu des élèves de sa classe. Bien que ce jeu inventé soit très différent dans sa forme en comparaison avec le jeu des Loups-Garous, l’idée initiale d’un jeu de rôle est restée : les élèves peuvent endosser au hasard le rôle d’un intimidateur, d’un élève-moqueur, mais aussi d’un témoin-bienveillant ou d’un témoin-ami, en fonction de la distribution des cartes.

Pas d’intimidation directe entre élèves, les actions des joueurs se font sur des élèves fictifs représentés par des feuilles blanches numérotées. Sur les cartes intimidateur, sont inscrits deux numéros de feuilles qu’il sera possible d’« intimider » avec des taches noires diverses (gribouillis) symbolisant l’intimidation. Les témoins-moqueurs se manifestent par des croix tracées sur les feuilles. Heureusement la présence de témoins-bienveillants ou amis, qui veillent, observent et protègent le cas échéant avec des cœurs dessinés, permet d’identifier les élèves malveillants et de témoigner auprès du maître du jeu.

Lorsqu’un moqueur ou un intimidateur est démasqué, celui-ci reçoit en échange de sa carte malveillante une carte bienveillante, il peut ainsi continuer à jouer, mais du côté ami.

Ce jeu permet de cultiver l’empathie et l’attention aux autres. Au fur et à mesure des parties successives, le comportement des élèves change : les intimidateurs, conscients que leur action n’est pas positive, culpabilisent et se font de plus en plus discrets avec des traces plus petites, moins visibles. Les bienveillants et les amis ont des réactions plus marquées de protection autour des feuilles « intimidées » qui se retrouvent couvertes de cœurs.

Une phase d’échanges avec les élèves a lieu une fois la partie terminée, lorsque tous les intimidateurs ont été démasqués. C’est un temps privilégié où les traces sur les feuilles sont observées et interprétées : les élèves se rendent compte que ces traces restent, métaphore montrant que les violences verbales ou physiques restent en mémoire chez les élèves victimes d’intimidation.

Contacts : lucie.humbert@ac-dijon.fr olivier.genelot@ac-dijon.fr

Vidéo de Lucie Humbert qui explique sa démarche : 

Une séance de jeu dans la classe :